J’ai participé à ce joli projet « Modesty! » car je me considérais tout simplement moi même comme étant de nature pudique. Ce projet était donc pour moi l’occasion de me lancer un défi, de me prêter au jeu mais surtout ce dernier m’amenait à pas mal de réflexion, des questions auxquelles je n’avais jamais vraiment pris le temps de réfléchir et pourtant ô combien intéressantes.
Je pense que la pudeur est une chose très personnelle, propre à chaque individu et qu’il faut respecter dès le plus jeune âge. Tous semblables et pourtant tous si différents! Le principal étant il me semble de se sentir tout simplement bien. Bien dans sa tête, bien dans son corps, en société, comme dans l’intimité.
Dans mon cas, ce fameux projet « Modesty! » est surtout né au moment même de ma vie ou la nécessité de se confronter à ma personne était nécessaire (une sorte de renaissance). En plus d’une expérience humaine enrichissante, j’ai vu en lui une sorte d’exutoire. D’autant que me concernant : poser là, seule, nue face à l’objectif de ce même photographe qui quelques années auparavant avait immortalisé mon feu mariage était d’autant plus symbolique. Quoi de mieux que de se mettre à nue, pour renaître? Puisque c’est dans cette même tenue que nous venons au monde.
En pleine reconstruction avec ce moi, mon moi! Ce corps de femme, mais aussi de maman, dont je n’ai eu cesse de prendre soin mais au combien dénigré par cet autre. Il m’apparaissait évident de réapprendre à m’accepter, à m’aimer ou plutôt devrais-je dire d’enfin apprendre à m’accepter et à m’aimer. Essayer ainsi de briller dans mon propre regard avant de vouloir briller dans celui d’un autre. Exercice difficile mais pas impossible! C’est toutefois un long travail, permanent même. Et si Sébastien a relativement été explicite sur le fait que je pourrais éventuellement ne pas me plaire à travers ces photographies, il a néanmoins réussit à faire en sorte que mon regard désapprobateur sur mon corps devienne alors finalement (à ma surprise) plus accueillant, voir même chaleureux.
L’histoire aurait pu s’arrêter à cette incroyable expérience, mais c’était sans compter sur l’aspect déclencheur de cette dernière. En effet, voyant l’effet positif de ce défi relevé! J’ai alors décidé de me libérer d’avantage en me prêtant au jeu de l’autoportrait (une sorte d’art-thérapie pour moi). En effet, en plus de me permettre d’apprendre, de progresser en photographie. L’autoportrait me permet de créer des tableaux, de laisser parler mon imagination, ma créativité, de m’exprimer, de me libérer pleinement. Depuis, je porte un tout autre regard sur la nudité (la mienne et celle des autres). Et, je me sens beaucoup plus à l’aise dans mon corps.
Emmanuelle D.